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JOURNAL

Il a trente-cinq ans. Raphaël est mort à trente-sept ans, ayant fait davanlage. Mais Raphaël a été, dès l’àge de douze ans, bercé sur les genoux des duchesses et des cardinaux qui, l’ont fait travailler chez le grand Pérugin, et Raphaël, ågé de quinze ans, faisait des copies de son maitre à s’y tromper, et, dès quinze ans, était sacré grand artiste. Ensuite ces grandes toiles qui nous étonnent par le temps qu’elles représentent, aussi bien que par leurs qualités, dans ces toiles, le gros ouvrage était fait par des élèves, et, dans plusieurs de ces tableaux, il n’y a de Raphaël que le carton. Et Bastien-Lepage, dans les premiers temps, pour subsister à Paris, faisait le triage des lettres à la poste, de trois à sept heures du matin. Il a exposé en 4869 pour la première fois, je crois. Enfin, il n’a eu ni duchesses, ni cardinaux, ni Pérugin. Mais déjà au village il avait tous les prix pour le dessin. Je crois que c’est à quinze ou seize ans seulement qu’il vint à Paris.

C’est encore mieux que moi, moi vivant toujours dans un milieu peu artistique, prenant quelques leçons dans mon enfance, comme tous les enfants, puis une quinzaine de leçons de une heure chacune dans l’espace de trois ou quatre ans, puis enfin toujours dans ce milieu… Ça me fait six ans et quelques mois ; mais il y a des voyages et une grande maladie. Enfin… Et où en suis-je ?

En suis-je au 1874 de Bastien ? Cette question est une insanité.

Si je disais devant du monde, et même devant des artisles, ce quej’écris de Bastien, on dirait que je suis tout à fait folle ; —les uns avec conviction, les autres par principe et pour ne pas admettre la supériorité d’un jeune.