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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

dans la jeune fille élégante, assise là et montrant de si petits pieds, si bien chaussés.’ Ah ! c’est autrement mieux que l’année dernière, tout ça !

Est-ce un succès ? dans le sens véritable, sérieux, bien entendu ? Ma foi presque. Breslau a exposé deux portraits, je n’en ai vu qu’un, qui m’a étonnée beaucoup. C’est une imitation de Manet, cela me déplaft. Ce n’est plus fort comme avant. Eh bien, c’est peut-être affreux ce que je vais dire, mais ça ne me chagrine pas. Je n’en suis pas non plus contente, non ; il y a place pour tout le monde. Pour’tant j’avoue que j’aime mieux que.ce soit comme ça. Bastien-Lepage n’a que son petit tableau de l’année dernière : La Forge.

C’est un vieux forgeron dans l’obscurité, de sa forge. C’est aussi bien que les petites toiles les plus noires des Musées.

Il ne va pas encore assez bien pour travailler. Ce pauvre architecte a l’air triste et dit qu’il va se ficher à l’eau.

Moi aussi je suis triste et je crois que, malgré ma peinture, ma sculpture, ma littérature, ma musique oui, malgré tout cela, je crois que je m’ennuie. Samdi 3 mai.

Emile Bastien-Lepage arrive à onze heures et demie, je descends tout étonnée ! Il a une foule de bonnes choses à me dire. J’ai un vrai grand succès.

« Non pas relativement à vous ou aux camarades d’atelier, mais pour tout le monde. — J’ai vu hier Ollendorff, qui m’a dit que si c’était l’euvre d’un Français, l’Etat l’auraitachetée. « Ah ça ! c’est un homme très fort que M. Bashkirtseff. » (Le tableau est signé M. Bash-