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JOURNAL

kirtseff.) Alors je lui ai dit que vous êles une jeune fille et j’ai ajouté « jolie ». Non !  ! il n’en revenait pas. Et tout le monde m’en parle comme d’un grand succès. »

Ah !  ! je commence à le croire un peu. Par crainte de croire trop, je ne me permets de ressentir quelques satisfactions qu’avec des réserves dont vous ne vous faites pas une idée.

Enfin, je serai la dernière à croire qu’on croit en moi. Mais il paraît que c’est bien. Un vrai et très grand succès d’artiste, dit Emile Bastien.

Alors, comme Jules Bastien en 1874 ou 75 ? Ah ! Seigneur. Eh bien, je ne suis pas encore inondée de joie, parce que j’y crois à peine. Il faudrait être inondée de joie. Cet excellent ami me demande de signer une autorisatiou pour Charles Baude, le graveur, l’ami in time de son frère. Ce Baude va photographier et graver mon tableau pour le Monde illustré, ça c’est bien. Il m’a dit aussi que Friant (qui a du talent) est enthousiasmé de mon tableau.

Des gens que je ne connais pas parlent, s’occupent de moi, me jugent. Quel bonheur !  ! Ah ! c’est à ne pas y croire, tout en l’ayant désiré et attendu tant ! J’ai bien fait d’avoir attendu pour autoriser à photographier. On m’a écrit avant-hier pour me le demander, je ne sais qui. J’aime mieux que ce soit Baude, celui que Bastien-Lepage appelle Charlot, et auquel il écrit des lettres de huit pages. Je vais descendre au salon de maman pour recevoir Ies félicitations de tous les imbéciles qui croient que je fais de la peinture de femme du monde, et qui adres-