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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

sent les mêmes compliments à Alice et aux autres petites sottes.

Là ! C’est, je crois, Rosalie qui sent le plus vivemeut mon succès. Elle est folle de joie, me parle avec des attendrissements de vieille nourrice et va raconter des choses à droite et à gauche comme une porlière. Pour elle, il est arrivé quelque chose, un événement s’est accompli.

Mourir, c’est un mot qu’on dit et. qu’on écrit facilement ; mais penser, croire qu’on va mourir bientôt ? Est-ce que je le crois ? Non, mais je le Lundi 5 mai.

crains. Il n’y a pas à se le dissimuler, je suis poitrinaire. Le poumon droit est assez abimé et le gauche commence à s’abîmer un peu depuis un an. Les deux côtés. Enfin, avec une autre structure, je serais presque maigre. Il est évident que je suis plus ronde que la plupart des jeunes filles, mais je ne suis pas comme avant. 1l y a un an encore j’étais superbe, sans graisse et sans embonpcint ; maintenant les bras ne sont plus fermes, et en haut, vers les épaules on sent l’os au lieu de voir une épaule toute ronde et d’une belle forme. Je me regarde tous les matins en me baignant. Les hanches sont encore belles, mais on commence à voir les muscles du genou. Les jambes sont bien. Enfin, je suis atteinte sans retour. Mais, misérable créature, soignetoi

! Mais, je me soigne et à fond. Je me suis brûlé les

deux côtés de la poitrine, je ne pourrai plus me décolleter pendant quatre mois. Et il faudra recommencer ces brûlures, de temps en temps, pour que je dorme. Il n’est pas question de guérir, j’ai l’air de pousser au noir ; mais non, c’est seulement vrai. Mais à part les M. B. — I.

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