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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

DE MARIE BAŞIKIRTSEFF. 547

moins que ce salon ne soit rempli de peintres. Pour que… un… succès arrive jusqu’à mon ceur et me rende heureuse, il faudrait cela. Oui, il faut qu’à l’annonce de mon nom, les conversations s’arrêtent et toutes les têtes se retournent. Depuis l’ouverture du Salon, il n’y a pas un journal qui ne parle de mon tableau ; oui, mais ce n’est pas encore ça ! Il y a ce matin un premier Paris d’Etincelle

Les mondaines — peintres. C’est très chic ! Je

viens immédialement après Claire et j’ai autant de lignes qu’elle ! — Je suis un Greuze, je suis blonde avec le front volontaire d’un être qui sera quelqu’un, j’ai les yeux profonds. Je suis très élégante, j’ai da talent et je fais du bon réalisme, dans le genre de BastienLepage. Là ! Ce n’est pas tout, j’ai le sourire et la grâce attirante d’un enfant !  !  ! transportée ? —

Et je ne suis pas Eh bien ! pas du tout. Jeudi 8 mai. — Je travaille un peu chez moi. Comment se fait-il que Wolff n’ait rien dit de mon tableau ? Il ne l’a pas vu, ça c’est encore possible ; en faisant la salle 47, il aura eu des dislractions. Ce n’est pas que je ne sois pas digne d’oceuper cet homme illustre, car il s’occupe de gens… moindres que moi… Alors ? C’est du guignon comme le numéro 3 ? Je ne crois pas au guignon pour moi. Ce serait trop commode et on a l’air bête ; je crois à mon peu de mérite. Et ce qu’il y a d’étonnant, c’est que c’est vrai. Vendredi 9 mai. —— Je lis et j’adore Zola. Ses critiques et ses éludes sont des choses tout à fait admirables, et j’en suis amoureuse folle. Pour plaire à pareil homme on ferait tout ! Et vous me croyez capable d’amour comme tout le monde, Ah ! Seigneur.