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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

n’était pas ça non plus. Sans doute, mais c’est égal… Comme je dois mourir vite, je voudrais… Tout porte à croire que Bastien-Lepage a un cancer à l’estomac. Alors il est donc flambé ? On se trompe peut-être. Le pauvre enfant ne peut pas dormir. C’est insensé ! Etson concierge jouit probablementd’une belle santé. C’est insensé !. Jeudi 15 mai. —— A dix heures du matin. E. Bastien est arrivé avec M. Hayem. Est-ce drôle ? Ça ne me paraft pas possible. Je suis artiste et j’ai du talent. Et c’est sérieux. Et voila un homme comme ce M. Hayem s’intéresse à ce que j’ai fait ; est-ce possible ? Emile Bastien en est tout heureux, il m’a dit l’autre jour : « Il me semble que c’est moi, » Ce brave garçon est très malheureux. Je crois que son frère ne s’en tirevient chez moi, qui

rera pas… 15 mai.

— Et toute l’après-midi je me promène dans mes appartements assez contente, avec de petits frissons dans la nuque à la pensée de la médaille. La médaille c’est pour le gros public ; en somme je préfère un succès comme le mien, sans médaille, à certaine médaille.

Je suis rentrée du Bois, où j’étais Samedi 17 mai.

allée avec les demoiselles Staritzky, de passage ici, et j’ai trouvé Bagnisky qui me dit que chez le peintre Bogoluboff on parlait du Salon, et que quelqu’un a dit à quelqu’un que mon tableau ressemble aux tableaux de Bastien-Lepage.

En somme, je suis flattée du bruit que fait mon tablean. On m’envie, on me calomnie, je suis quel-