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JOURNAL

+eurs du lycée qui n’en revenaient pas. Moitié pat intuition, moitié par ce que je lisais. J’ai voulu savoir telle et telle chose. Puis j’ai lu le grec et le latin et les classiques français et anglais et les modernes et tout. Mais c’est un chaos, bien que låche de régler tout

ça par amour de l’harmonie en tout. Qu’est-ce que ce nom, Sully-Prudhomme ? J’ai acheté ses livres il y a six mois et, ayant essayé de les lire, je les ai rejetés comme des vers agréables ; aujourd’hui j’y découvre des choses dignes de me captiver et je lis tout d’un trait, poussée à cela par la visite de François Coppée. Mais Coppée n’en a pas parlé, ni personne ; alors quel rapport et pourquoi ? Il est évident qu’avec de très grands efforts je pourrais analyser philosophiquement ce travail intellectuel. Mais pourquoi ? Cela changera-t-il ce que j’ai pensé ? Jeudi 5 juin.

moi, on me l’a acheté à Vienne en 1870 ; il avait trois semaines et se fourrait toujours derrière les malles, dans les papiers des achats que nous faisions. Il a été mon chien dévoué et fidèle, pleurant quand j’étais sortie et attendant des heures assis à la fenêtre. Puis à Rome je me suis toquée d’un autre chien et Prater fut recueilli par maman, toujours très jaloux de moi avec son poil jaune de lion et ses yeux admirables. Quand je pense à mon manque de ceur !… Le nouveau chien s’appellait Pincio et on me l’a volé à Paris. Au lieu de revenir à Prater qui ne se consolait pas, j’ai eu la stupidité d’avoir Coco 1or puis le Goco actuel. C’est lâche, c’est ignoble. Depuis quatre ans ces deux bêtess’entré-dévoraient et on avait fini par enfermer Prater dans une chambre en haut où il vivait Prater est mort. Il a grandi avec comme un prisonnier, pendant que Coco se promenait