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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

ment en camarade, en admiratrice, en bon enfant, puisqu’il est lrès malade. Nous y allons donc. La mère est enchantée, me tape sur l’épaule, parle de mes beaux cheveux… L’architecte est toujours abruti, il a l’air anéanti depuis son monument, et le grand peintre va mieux. Il mange son bouillon et son euf devant nous ; sa mère court, apporte tout ça pour que le domestique n’entre pas ; c’est elle qui le sert. Du reste il trouve ça très naturel et accepte nos services avec sang-froid, ne s’étonne de rien. En parlant de sa mine quelqu’un dit qu’il devrait se faire couper les cheveux, et maman raconte qu’elle coupait les cheveux à son fils quand il était enfant el à son père quand il était malade : Voulez-vous que je vous les coupe, je porte bonheur. On rit, mais il y consent tout de suite, sa mère court chercher un peignoir et maman procède à l’epéralion, s’en tirant à son honneur. Je voulais aussi donner un coup de ciseaux ; mais cet animal dit que je ferais des bêtises et je me venge en le comparant à Samson et Dalilal Mon prochain tableau.

Il daigne rire. Enhardi, son frère propose de tailler aussi la barbe et s’en acquilte religieusement, avcc lenteur, les mains un peu tremblantes.

Ça lui change la physionomie et il n’a plus cet air malade et changé, la mère pousse de petits cris de — — Je l’entrevois enfin, mon garçon, mon cher joie :

petit garçon, mon cher enfant !  ! Quelle brave femme ! si simple, si bonne et pleine d’adoration pour son grand homme de fils. Ce sont de braves gens.