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JOURNAL

Lundi 14 juillet. — J’ai commencé le traitement qui doit me guérir. Et j’en suis toute calme. Jusqu’à ma peinture qui se présente mieux. Un bon public sur le boulevard des Batignolles et même avenue Wagram !

Avez-vous regardé ça ? Avec la rue et les gens qui passent.

Tout ce que contient un banc, quel roman ! quel drame ! Le déclassé avec un bras appuyé au dossier et l’autre sur le genou ; le regard fuyant. l’enfant sur les genoux ; la femme du peuple qun — La femme et

trime. Le garçon épicier très gai qui s’est assis, lisant un petit journal. L’ouvrier endormi, le philosophe ou le désespéré qui fume. Aussi je vois peut-être trop de choses… Pourtant, regardez bien vers cinq, six heures du soir…

Ça y est, ça y est, ça y est ! Il me semble que j’ai trouvé. . Oui, oui, oui, je ne le ferai peut-être pas, mais l’esprit est en repos. J’en danse sur un pied. Il y a des moments si différents ! Tantot on ne voit vraiment rien dans la vie, et tantôt… Je me reprends à aimer tout ! tout ce qui m’entoure ! C’est

comme un flot de vie qui entre ! Il n’y a pourtant pas de quoi se réjouir. Ab ! tant pis, je trouverai un côté gai et adorable même dans mon trépas ; j’étais faite pour étre très heureuse, mais…

Pourquoi, dans ton euvre céleste, Tant d’élémepts si peu d’accord ?… Mardi 15 juillet.

qui me prend tout entière, chaque fois que je vois les — Je reviens à un projet ancien et