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JOURNAL

Allez, ce n’est pas facile ni commode. Vendredi 1er août.

Quand je vous servirai des phrases attendries, ne vous y laissez pas trop prendre. Des deux moi qui cherchent à vivre, l’un dit à l’autre :

— Mais, éprouve done quelque chose, sapristi ! — Et l’autre qui essaie de s’aitendrir est toujours dominé par le premier, par le moi-spectateur qui est là en observation et absorbe F’autre. Et ce sera toujours comme ça ? Et l’amour ?

Eh bien, vous šavez, il me semble que c’est impossible, quand on voit la nature Les autrės sont bien heureux, ils ne voient que ce qu’il faut.

paine au microscope. Voulez-vous savoir ? Eh bien, je ne suis ni peintre, ni seulpteur, ni musicien, ni femme, ni fille, ni amie. Tout chez moi se réduit à des sujets d’observation, de rėflexions et d’analyses. Un regard, une figure, un son, une joie, une douleur sont immédiatement pesés, examinés, vérifiés, classés, notés. Et quand j’ai dit ou écrit, je suis satisfaite. Samedi

2 août. et samedi. Cing jours. J’ai fini mon tableau. Nous avons commencé le même jour, avec Claire, et le méme sujet, une toile de 4m, 40 sur 1", 15 ; comme vous voyez, c’est considérable. La Bièvre chantée par Hugo, une ferme au fond, au bord de l’eau une jeune fille assise et parlant à un gamin debout de l’autre cô té de la rivière.

Mardi, mercredi, jeudi, vendredi Et si ce que j’ai fait est’très bien ? Co n’est pas pos-