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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

.Il n’y a pas de Dieu qui écoute ma prière du soir, et je prie tous les soirs en dépit de la raison. Si le ciel est désert, nous n’offensons personne ; Si quelqu’un nous entend, qu’il nous prenne en pitié Et pourtant comment croire ?… Bastien-Lepage va très mal, nous le trouvons au Bois, faisant des grimaces de douleur… Il y a tous les Charcot ; c’est pour amener un de ces jours le docteur luiméme comme par hasard. Ils s’en vont et Bastien nous dit

c’est abominable de l’abandonner ainsi depuis ənb

deux jours. Jeudi 18 septembre. J’ai vu Julian ! Il me manquait. Mais il y a si longtemps que nous ne nous sommes vus que nous n’avons pas grand’chose à nous dire. Il me trouve l’air arrivé, tranquille ; il n’y a que l’art, le reste ne inérite pas qu’on s’y arrête. Il y a toute une famille auprès de Bastien-Lepage, la mère et les filles, elles restent-là jusqu’à la fin, mais ça a l’air de bonnes femmes très bavardes. Ce monstre de Bastien-Lepage veut me soigner, il veut qu’en un mois je sois guérie de ma toux ; il me boutonne ma jacquette et s’inquiète toujours si je suis bien couverte.

Une fois qu’on a eu couché Bastien-Lepage, lout le monde est venu s’asseoir autour du lit à gauche comme toujours ; moi, je suis allée me mettre à droite ; alors il a tourné le dos aux autres, s’est bien installé et s’est mis à causer très doucement d’art. Oui, certainement il a de l’amitié pour moi et mêmė une amitié égoïste. Cemme je lui disais qu’à partir de demain, j’allais travailler, il me répond :