Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
62
JOURNAL

J’irai maintenant pleurer et prier Dieu pour qu’il m’arrange cette affaire. C’est très original de converser avec le bon Dieu, mais cà ne le rend pas meilleur pour moi.

Mais les autres ne savent pas demander. J’ai la foi, moi, jė supplie…

Je ne mérite sans doute pas.

Je crois que je mourrai bientót. Jeudi 23 mai,

J’ai commencé à peindre à l’atelier. Deux oranges et un couteau. Depuis ma rupture avec Breslau, je suis polie avec l’Espagnole, qui est la créature la plus obligeante, qui se dérange pour moi, m’arrange ma nature morte, et me donne des conseils.

On ne travaille pas aussi bien au printemps qu’en hiver.

Samedi 25 mai. Cela ne va pas assez bien pour vous, me dit Robert-Fleury. Je le sentais moi-même et s’il ne m’avait encouragée pour mes natures mortes, je serais tombée du haut de mes espérances, ce qui serait grave. Nous sommes allées au Français voir les Fourchambault. On admire beaucoup la pièce, mais je n’en suis pas folle.

J’avais un chapeau… mais cela ne m’intéresse plus.. Ce que je cherche c’est d’avoir l’air distingué… Je l’avais un peu oublié ces derniers temps. Décidément je serai une grande artiste… Chaque fois que je sors de mes études, j’y suis réintégrée par des coups de fouet de toutes sortes. N’ai-je pas rėvé à des salons politiques, puis au