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JOURNAL

prouver tout à fait, et M. Rouher lui-même était content, mais… quel feu d’artifice mouillé !  !  ! On a parlé de votes, de lois, de brochures, de fidèles, de traîtres, devant moi ; j’écoutais ? Oh ! je crois bien. C’était comme une porte ouverte sur le paradis. J’ai dit pourtant que les femmes ne devaient se mêler de rien, ne pouvant faire que du mal, et n’étant pas assez sérieuses pour n’être pas excessives ( ?). Je regrette d’être femme, et M. Rouher d’étre homme. — Les femmes, dit-il, n’ont pas les ennuis et les tracas que nous avons. Voulez-vous me permettre de vous dire, Monsieur, que les unes et les autres en ont également. Seulement, les ennuis des hommes leur rapportent des honneurs, de la gloire, de la popularité, tandis que ceux des femmes ne leur rapportent rien. Vous croyez donc, mademoiselle, que cela rapporte toujours toutes ces choses ? — Je crois, monsieur, que cela dépend des hommes. Il ne faut pas penser que je l’ai abordé comme ça, tout d’un coup ; je suis restée pendant dix minutes au coin, assez perplexe, car le vieux renard n’avait pas l’air d’être ravi de la présentation. Voulez-vous savoir une chose ? Je suis ravie.

Maintenant, j’ai envie de vous raconter toutes les jolies choses quej’ai lites… Il ne faut pas. Je vous dirai que j’ai fait tous nes efforts pour ne pas dire des choses banales et pour paraitre pleine de bon sens, comme ça vous vous imaginerez mieux ce que c’était. Gavini disait que les bonapartistes étaient heureux d’avoir les sympathies des jolies femmes en s’inclinant devant moi.

Monsieur, lui répondis-je, en m’adressant à |