Page:Basset - Contes populaires d’Afrique, 1903.djvu/114

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je t’ai donné cinquante talaris, pourquoi me mènes-tu au gouverneur ?

— Comment pourrais-je te laisser aller ? répliqua le soldat, puisque mon maître m’a ordonné de t’amener à lui.

Et il le conduisit devant le gouverneur.

En route, ils rencontrèrent celui qui avait prêté de l’argent.

— Où l’emmènes-tu ? demanda-t-il.

— Je l’emmené chez le gouverneur, répondit le soldat, parce qu’il a tué quelqu’un.

— Rends-moi mon argent ! cria le créancier.

— Je ne l’ai pas ici, répondit le prisonnier ; je te le rendrai plus tard.

Mais l’autre reprit :

— Tu ne feras pas un pas de plus que tu ne m’aies rendu mon argent.

— Réclame-le chez le pacha, fit observer le soldat, car tu ne peux retenir cet homme sur la route quand le pacha a ordonné de le lui amener. Le créancier, le prétendu meurtrier et le soldat arrivèrent tous trois devant le gouverneur. Celui-ci demanda :

— Lequel a tué un homme ?

— C’est celui-ci, dit le soldat.

— Tu assassines les gens pendant la nuit, sur le territoire du sultan ! s’écria le pacha.