Page:Basset - Contes populaires d’Afrique, 1903.djvu/341

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que les yeux les plus perçants pouvaient à peine l’embrasser tout entière. Il ne resta sur la terre qu’une femme qui échappa à la férocité de Kammapa en se tenant soigneusement cachée. Cette femme conçut et enfanta un fils dans une vieille étable à veaux. Elle fut très surprise, en le considérant de près, de lui trouver le cou orné d’amulettes divinatoires.

— Puisqu’il en est ainsi, dit-elle, son nom sera Litaolané, ou le Divin. Pauvre enfant ! Dans quel temps est-il né ! Comment échappera-t-il à Kammapa ? Que lui serviront ses amulettes ?

Elle parlait ainsi en ramassant dehors quelques brins de fumier qui devaient servir de couche à son nourrisson. En rentrant dans l’étable, elle faillit mourir de surprise et d’effroi. L’enfant était déjà parvenu à la stature d’un homme fait et il proférait des discours pleins de sagesse. Il sort aussitôt et s’étonne de la solitude qui règne autour de lui.

— Ma mère, dit-il, où sont les hommes ? N’y a-t-il que toi et moi sur la terre ?

— Mon enfant, répond la femme en tremblant, les hommes couvraient, il n’y a pas longtemps, les vallées et les montagnes, mais la bête, dont la voix fait trembler les rochers, les a tous détruits.

— Où est cette bête ?

— La voilà tout près de nous.