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notice historique

quement reniées par le maréchal à qui on les attribuait. Elles n’en sont pas moins curieuses, surtout si on les rapproche de la réponse de Scipion Dupleix. On peut voir à ce sujet les Mémoires (t. IV, p. 232 et suiv.) et l’Appendice, XIII, même tome, p. 355-356.

Je ne puis mieux terminer cette notice qu’en rapportant sur la personne de Bassompierre et sur son œuvre le jugement d’un homme qui fut, comme lui, militaire, courtisan et écrivain, et qui subit comme lui l’épreuve d’une longue disgrâce. Bussy-Rabutin écrit le 16 août 1671 à Mme  de Scudéry :

« Je n’ai point vu de mémoires plus agréables ni mieux écrits que ceux du maréchal de Bassompierre. Je ne sais si l’idée que j’ai de lui ne me prévient pas en leur faveur. C’étoit un homme de grande qualité, beau, bien fait, quoique d’une taille un peu épaisse. Il avoit bien de l’esprit et d’un caractère fort galant. Il avoit du courage, de l’ambition et l’âme d’un grand roi. Encore qu’il se loue fort souvent, il ne ment pas. Mais j’eusse voulu qu’il nous eût rapporté les ordres du roi, les lettres particulières de Sa Majesté, celles des ministres et des généraux d’armée, et même celles des maîtresses avec ses réponses[1]. Car comme l’histoire n’est que le portrait des gens dont on parle, rien ne fait mieux connoître leur caractère que leurs lettres, outre que le maréchal eût mieux établi les choses qu’il nous a dites. Et il ne faut pas que pour l’excuser, on dise qu’ayant écrit de mémoire sa vie, il ne pouvoit se souvenir de tous ces ordres et de toutes les lettres dont je viens de parler, car il est certain qu’on les garde d’ordinaire pour sa famille. Mais pour ce

  1. La lecture des Mémoires eût été difficile si elle avait été continuellement interrompue par des pièces officielles. Les Ambassades répondent au désir de Bussy en ce qui concerne les missions diplomatiques. Quant aux lettres des maîtresses, on sait ce que Bassompierre en a fait, et, à dire vrai, je crois qu’il a rendu service à la postérité.