que veritablement il avoit perdu une fille bien aymable et utile a sa fortune, mais que quattre nieces luy avoint succedé en la place de sa fille, quy luy apporteroint peut-estre autant de consolation, les faisant venir pres de luy, et beaucoup plus d’appuy a sa fortune en s’alliant par leur moyen de quattre grandes maisons de France dont il auroit le choix ; et plusieurs autres choses que Dieu m’inspira de luy dire. En fin apres avoir encor quelque temps pleuré de la sorte, il me dit :
« Ha ! Monsieur, je regrette veritablement ma fille et la regretteray tant que je vive ; je suis neammoins homme quy peux supporter constamment une affliction pareille a celle là : mais la ruine de moy, de ma femme, de mon fils[1], et de ma maison, que je vois prochaine devant mes yeux et inesvitable par l’opiniatreté de ma femme, me fait lamenter et perdre patience ; laquelle je vous descouvriray comme a un veritable amy duquel j’ay receu toute ma vie assistance [et amitié][2] et a quy je confesse n’avoir pas rendu la pareille et fait ce que je devois[3] et pouvois taire : mais baste, je l’amenderay s’il plait a Dieu. Sçachés, Monsieur, que depuis le temps que je suis au monde, j’ay appris a le connestre et voir non seulement les elevations de la fortune, mais les cheutes et