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journal de ma vie.

Mr le Prince alloit prendre Sesanne sur nostre moustache, dont tous les chefs de l’armée estoint desesperés ; nous allames, Mr de Richelieu, mestre de camp du regiment de Piemont, Mrs de Vaubecourt, Bourg Lespinasse[1], et moy, trouver Mr de Refuges[2] intendant des finances et de justice de nostre armée, personnage de rare vertu, pour le prier d’animer nos generaux et mareschal de camp[3] a se resoudre. Il nous dit qu’il n’avoit pas desja manqué de les y presser, mais qu’ils luy avoint respondu qu’il nous falloit voir la contenance et le dessein de l’ennemy pour, sur cela, former le nostre, et que la maladie de Descures auquel ils croyoint comme a un ange, les tenoit ainsy en suspens. Je leur dis allors : « Voyons Descures et le persuadons de leur mander que s’ils ne passent la chaussée pour gaigner Sesanne, Mr le Prince la prendroit[4] infailliblement le lendemain ; » ce que nous fismes, et Descures jugea comme nous qu’il nous falloit fortement passer la chaussée, et leur manda qu’il la falloit necessairement passer et aller aux ennemis. Monsieur le mareschal dit qu’il vouloit attendre quelques trouppes quy luy devoint venir et jouer a jeu

  1. Antoine du Maine, baron du Bourg-l’Espinasse, fils puîné de Bertrand du Maine, baron du Bourg, et de Jeanne de Fayole de Mellet, était mestre de camp d’un régiment créé en 1606 sous son nom, et qui depuis s’appela régiment d’Auvergne. Ce corps était un des cinq que l’on appelait Petits vieux.
  2. Bernard de Refuge, sieur de Dammartin, maître des comptes, était fils de Jean de Refuge, seigneur de Précy, conseiller au parlement de Paris, et d’Anne Hennequin, sa seconde femme.
  3. Il faudrait plutôt : notre général et notre maréchal de camp.
  4. C’est-à-dire : prendrait Sézanne.