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1621. février.

party, que luy de son costé m’en feroit parler par madame la Princesse sa femme, sçachant, luy disoit il, que les dames ont grand pouvoir sur moy[1].

Fevrier. — Je pris congé le 9me fevrier du roy et de la court, et parce que ce soir là il y avoit bal en la salle de Mr de Luynes, j’y menay madame la comtesse de Rochefort en la suitte de la reine. Comme je fus en haut, mesdames les princesses quy rioint bien fort, me tirerent en une fenestre, et au lieu de me parler crevoint de rire : en fin elles me dirent que j’avois autrefois parlé d’amour a de belles dames, mais que jammais deux dames de sy bonne maison ne m’avoint parlé de mariage que maintenant qu’elles m’en venoint requerir. Je fus longtemps a deschiffrer leur discours : en fin elles me dirent que le mary de l’une et [le][2] frere de l’autre les avoint chargées de me seduire, mais que c’estoit en tout honneur et en loyauté de mariage, et qu’il falloit que je donnasse pouvoir a Mr le Prince et a Mr de Guyse de traitter et conclure[3] l’affaire pendant que je serois en l’ambassade extreordinaire d’Espaigne, et de le dire a Mr de Luxembourg apres l’avoir prié de me vouloir assister en cette recherche ; ce qu’il me fallut forcement faire : et puis ayant pris congé d’elles, je partis le lendemain mercredy 10me jour de fevrier et vins coucher a Estampes, puis a Saint Laurent des Eaux,

  1. Et particulièrement la princesse de Condé et la princesse de Conti. Cette dernière, à ce qu’il paraît, n’était pas encore unie par mariage à M. de Bassompierre.
  2. Inédit.
  3. Il y avait aux précédentes éditions : conduire.