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1621. aout.

trouvant dans la tranchée allors sortit l’espée a la main vers les ennemis, mais il fut aussy tost tué d’une mousquetade. Je courus en diligence au bruit de la sortie, et repoussames les ennemis dans la ville ; mais nous avions desja perdu ces braves hommes.

La nuit suyvante nous tirames une ligne assés longue que nous continuames la nuit du lendemain encores, et mismes a travers du grand chemin quy estoit descouvert, certains chandeliers[1] a l’espreuve quy furent depuis nommés valobres du nom de celuy quy les fit faire.

Le mardy 24me nous tirames une autre ligne et fimes deux barricades sur les deux avenues et une espaule en une traverse.

Les ennemis firent semblant de sortir la nuit, mais nous trouvant sur nos armes et en estat de les bien recevoir, ils tindrent bride en main.

La nuit du mercredy 25me nous voulumes occuper un tertre avancé borné d’un chemin creux, quy estoit fort propre pour faire une batterie pour lever les deffenses de cette corne ; et pour ce sujet nous fismes tout a l’entour une couronne de quarante gabions quy n’estoint point remplis, mais seulement nous servoint de blindes et pour amortir les mousquetades.

Le jeudy 26me a onse heures, les ennemis sortirent dans ce chemin creux au dessus duquel estoint posés les gabions et avesques des crocs les tirerent a bas vers eux[2]. Ils avoint aussy apporté quelques feux d’arti-

  1. Chandeliers, pieux fixés sur des pièces de bois et destinés à soutenir des fascines pour couvrir les travailleurs.
  2. L’entreprise était conduite par Fleurans du Rozier.