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1621. septembre.

benin luy faisoit acquiescer et suyvre le courant de l’eau, de sorte que le temps se consumoit. En fin le roy voulut tenir un bon conseil pour prendre une bonne resolution. Je m’y trouvay par son ordre et maintins fermement mon opinion quy estoit fondée sur les regles de l’art, sur l’experience, et sur l’apparence aussy. Mr  des Diguieres seul l’approuva ; mais Mr  le prince de Jainville quy avoit commandement en ce quartier là, Mr  le mareschal de Saint Geran, Mr  de Chomberg et les mareschaux de camp[1] du quartier furent du contraire, principalement Marillac quy vouloit prouver par raysons que l’on ne pouvoit faire descente dans un fossé ou il y avoit des flancs cachés et des coffres, comme sy cela rendoit les places[2] imprenables : ce petit la Moliere le secondoit et faisoit grand bruit. En fin je leur dis qu’ils fissent assembler les ingenieux et reconnestre le fossé, et qu’en cas qu’ils ne fussent de mon avis, j’acquiescerois au leur.

La chose en demeura là, et ces messieurs de ce quartier là s’en estans allés, monsieur le connestable me fit entrer en son cabinet ou le roy vint tost apres, et me dit que ces messieurs luy disoint que j’en parlois bien a mon ayse puis qu’en ma proposition je leur en laissois tout le peril et le hasard sans en avoir ma part ; que je les voulois mettre a la boucherie, et que je ne serois pas marry de m’en estre deffait, et que c’estoit ce quy m’en faisoit ainsy parler. Je confesse que ce discours me mit en colere, et res-

  1. Il y avait : le maréchal de camp.
  2. Il y avait : lesdits fossés.