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journal de ma vie.

pondis a monsieur le connestable que le cours de ma vie passée ne feroit pas juger que je fusse homme a souhaitter la mort d’autruy ; que celle de Mr de Jainville me causeroit du desplaisir sans m’apporter aucun advantage ; que Mr des Diguieres estoit de mon opinion ; que pour Mr le mareschal de Saint Geran, je ne pretendois pas estre mareschal de France par sa mort, mais par les bons services que je voulois rendre au roy ; quant aux mareschaux de camp, tant s’en faut que je deusse craindre qu’ils me devançassent, que je ne craignois pas qu’ils me deussent marcher sur les talons, aussy n’estoint ils pas de mon calibre ny de ma portée ; que ce que j’en avois dit estoit selon ma conscience, mon opinion, le service du roy et l’ordre de la guerre, et tellement apparent que bien que je ne profite pas a courre sur le marché d’autruy, j’offrois au roy, s’il me vouloit faire changer de quartier contre eux, qu’a peine de mon honneur et de ma vie, dans trois semaines j’aurois mis sur le bastion du Moustier en batterie contre la ville[1] trois canons du roy, et que de la façon qu’ils pretendoint de faire, ils n’y seroint pas de six, et peut estre point du tout ; que c’estoit tout ce que j’avois a leur dire, apres quoy je n’en parlerois jamais. Sur cela le roy quy a toujours eu assés bonne opinion de moy, dit a monsieur le connestable : « Prenons Bassompierre au mot et le laissons faire : je suis sa caution. Envoyons les trois mareschaux de camp du Moustier a l’attaque des gardes, et le mettons au Moustier : je m’asseure qu’il

  1. Il y avait aux précédentes éditions : La Valette.