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journal de ma vie.

dans les cornes, quy fut longuement disputé par les ennemis, lequel en fin nous gaignames. Treville, gentilhomme basque, quy portoit le mousquet en la compagnie colonelle, s’y signala fort, ce quy fit que je demanday et eus pour luy du roy une enseigne au regiment de Navarre : mais comme je le menay a Picacos pour en remercier le roy, il la refusa, disant qu’il n’abandonneroit point le regiment des gardes ou il estoit depuis quattre ans, et que sy Sa Majesté l’avoit jugé digne d’une enseigne en Navarre, il feroit sy bien a l’avenir [que sa conduite] l’obligeroit a luy en donner une aux gardes ; ce qu’Elle a fait depuis, et plus encores[1].

Le vendredy 10me il n’y avoit que demy pié de terre entre les ennemis et nous, depuis que nous avions gaigné ce poste ; ce quy fut cause qu’incessamment ils nous jetterent des pots a feu et grenades pour nous empescher de travailler, et nous a eux de mesmes.

Le samedy 11me Gamorini fit faire une machine pour gaigner l’eminence et leur faire quitter le poste qu’ils tenoint, laquelle ne nous profita point ; car les ennemis y mirent le feu. Nostre mine continua cependant de s’avancer.

Le dimanche 12me nous mismes des valobres au travers du fossé de la corne, affin de passer seure-

  1. Henri-Joseph de Peyre, seigneur de Troisvilles, depuis appelé le comte de Tréville, devint en effet, en 1634, capitaine-lieutenant de la compagnie des mousquetaires de la garde, dont le roi se fit capitaine. Il eut en 1657 le gouvernement du pays de Foix.