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journal de ma vie.

malade des le commencement du siege, eut charge, et me la donna, de faire faire une batterie contre ledit pont. Mais comme elle estoit loin et que cinq cens volées de canon n’eussent peut estre pas peu rompre ledit pont lequel toujours ils eussent peu refaire avesques du bois, ayant remontré la grande despense et la petite utilité quy en provenoit, on me dit que je ne m’y opiniastrasse pas. Et en ce mesme temps deux cens femmes quy estoint a laver les linges et les utenciles sous ce pont et aupres, quy estoint incommodées de ces coups de canon, sçachant que Bassompierre estoit avec commandement dans le quartier, quy avoit toujours fait bonne guerre aux femmes, elles m’envoyerent un tambour pour me prier de leur part de ne point incommoder leur blanchissage, ce que je leur accorday franchement puis que j’avois desja ordre de le faire, de sorte qu’elles m’en sceurent un tel gré, et les femmes de la ville, qu’elles firent demander une tresve pour me voir, et vinrent grande quantité des principales sur le haut de leurs retranchemens me parler ; et moy, ce seul jour en tout le siege, je me mis en bon ordre et me paray pour les entretenir : ce quy arriva seulement le lendemain mercredy 15me, ayant esté mandé des le matin pour aller trouver le roy avec Mrs les mareschaux de Pralain et de Chaunes sur l’advis que le roy eut du secours quy avoit passé entre les doigts de Mr d’Angoulesme et estoit arrivé a Saint Antonin : Mr du Maine s’y trouva aussy avec Mrs de Cramail et Gramont ses mareschaux de camp, comme aussy Mrs de Chevreuse, Desdiguieres, de Saint Geran et de Chomberg avec Marillac. Ce fut a ce conseil ou on se repentit de n’avoir pas creu le bon advis de