Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/327

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
1621. septembre.

retirer bien viste les ennemis a belles mousquetades et en tuerent quelques uns.

Je m’en revins avec monsieur le mareschal ou la mine avoit joué et ou Mr de Chaunes s’opiniastroit hors de propos de faire un logement. En fin il en demeura ou il estoit auparavant, et la garde nouvelle estant venue, ce fut au tour de Mr de Pralain de commander. Nous ne fusmes pas plus tost arrivés pres de Mr de Chaunes que l’on cria que les ennemis attaquoint nostre garde quy n’estoit pas encores relevée du costé de main droitte et qu’ils luy avoint fait quitter le cavain. Allors toute la noblesse avesques moy y accourusmes, passans par dessus les tranchées a descouvert, et les vinmes prendre par derriere ; nous en tuames huit et en prismes deux, et leur fismes bien viste rentrer dans la ville. J’avoue que nostre noblesse ce jour là fit des merveilles, et que sans elle nous eussions infailliblement receu quelque affront ; ils firent aussy un honorable rapport de moy, et messieurs les mareschaux tesmoygnerent que j’avois tres bien servy ce jour là : le roy m’escrivit le lendemain une fort honneste lettre sur ce sujet[1].

Au sortir de là sur les neuf a dix heures on me mit quelque chose sur ma teste et un bonnet fourré par dessus avec lequel j’allay passer la nuit a la garde du secours.

    de Cassagnet, seigneur de Tilladet, et de Jeanne de Brésoles, né en 1555, capitaine au régiment des gardes en 1589, gouverneur de Bourg-sur-Mer, servait encore en 1622, et mourut de la peste à Béziers.

  1. Le roi était venu au camp pour voir jouer la mine ; il était rentré à Piquecos à sept heures et demie (Journal d’Hérouard.)