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journal de ma vie.

Le jeudy 23me nous nous occupasmes a raccommoder le mesnage que les ennemis et nostre impertinente mine avoint fait le soir precedent.

Mr le mareschal de Pralain avoit veillé toute la nuit dans les tranchées quy estoint en sy mauvais estat qu’elles avoint besoin de sa presence ; mais cela luy enflamma tellement sa blesseure qu’il ne peut aller cette nuit là a la garde contre le secours, et fallut que j’y retournasse encores pour luy. Nous eumes nouvelles que les ennemis estoint partis de Saint Antonin et venoint droit a nous, ce quy nous fit tenir tout la nuit alerte. Mais le matin Mrs de Vandosme, de Chevreuse et de Chomberg vindrent a nostre champ de battaille comme nous en voulions desloger, quy m’asseurerent que les ennemis estoint dans la forest de la Gresine et que La Courbe capitaine des gardes de Mr de Vandosme les y avoit veus rentrer, n’ayans pas peu arriver de nuit pour se jetter dans Montauban[1]. Sur cela ils prindrent resolution de les aller attaquer dans la forest de la Gresine et prindrent ce qu’ils peurent de cavalerie et d’infanterie pour executer leur dessein ; mais il y eut tant de discordance et de jalousie entre les chefs qu’ils s’en revindrent sans faire ny tenter aucun effet.

Ce fut le vendredy 24me qu’ils y allerent et en revindrent aussy. Nous continuames nos tranchées et j’allay

  1. « Par un billet envoyé de Sainct Antonin, on nous advertissoit que nostre secours avoit esté jusques à une lieue de la ville, d’où par faute de guides il s’en estoit retourné. » (Histoire particuliere.)