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1621. septembre.

la nuit au secours ; car nos deux mareschaux se trouverent mal et me laissoint la courvée.

Le samedy 25me les ennemis firent jouer sur les trois heures une mine au cavain, quy nous tua cinq hommes, mais ne gasta rien a nostre logement. Je fus la nuit avesques mille hommes contre le secours.

Le dimanche matin comme je revenois avec ces mille hommes dans nostre camp, le roy m’envoya commander de le venir trouver a Picacos. Je ne descendis point de cheval, et ainsy mal en ordre que j’estois, ayant veillé toute la nuit, et le sang caillé de ma blesseure a la teste s’estant espandu sur tout le visage et sur les yeux, je n’estois pas reconnoissable. Comme j’arrivay, le roy et monsieur le connestable me dirent que Mr de Luxembourg quy avoit commandement sur six cens chevaux quy estoint toutes les nuits sur pié pour empescher le secours, estoit tombé malade, et qu’il falloit que j’en prisse la charge jusques a ce que le secours fut entré, ou deffait ; ce que j’acceptay volontiers. Comme je parlois a eux, la reine vint de Moissac[1], ou elle demeuroit pendant le siege, a Picacos. Le roy envoya monsieur le connestable pour la recevoir et demeura a parler avec moy. Comme elle entra, elle demanda a monsieur le connestable quy estoit ce villain homme qui parlait au roy : il luy dit que c’estoit un seigneur du païs nommé le comte de

  1. Moissac, sur la rive droite du Tarn, chef-lieu d’arrondissement du département de Tarn-et-Garonne. — La reine, établie à Moissac, venait voir le roi à Piquecos ; de son côté le roi allait de temps en temps coucher à Moissac.