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1621. octobre.

prendre ? » Je luy dis : « Mon pere, ce seroit une offre bien presumptueuse sy l’on donnoit un jour determiné de prendre une telle place que Montauban, et on ne peut respondre autre chose sinon que ce sera selon la forte attaque que nous ferons, ou la deffense que feront les ennemis, ou les facilités, ou empeschemens que nous y rencontrerons. » Il me dit lors : « Nous avons des marchands bien plus determinés que vous ; car ces messieurs du quartier de Picardie respondent sur leurs testes et sur leurs honneurs de la prendre dans douse jours apres que vous leur aurés livré vos canons. Et c’est de quoy il se va maintenant traitter, et vous ferés chose agreable au roy et a monsieur le connestable de n’y point contrarier, sy ce n’est que vous veulliés prendre un temps encores plus court qu’eux pour mettre Montauban entre les mains du roy. »

Le roy arriva sur l’heure, et je fus contraint de laisser sur ce discours le pere confesseur du roy, quy me fit ce bien de me donner moyen de penser a ce que nous aurions a respondre : et parce que je craignois que messieurs les mareschaux quy me commandoint, par opiniastreté, ou jalousie, ne voulussent faire quelque refus de donner les pieces de nostre quartier, je les tiray a part et leur dis : « Messieurs, on nous a envoyé querir a ce conseil pour tascher de vous prendre par le bec, et de vous embarquer en une

    France. — Les précédentes éditions portaient : Montauban se va donner, au moins comme disent les nouvelles publiques de la France.