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journal de ma vie.

partis dès deux heures, mais qu’il y avoit encores plus de deux mille hommes a passer et deux de leurs canons qu’ils avoint pointés sur le haut de Neufvy[1] (lieu de leur passage) contre nous, pour tirer sy nous venions troubler leur retraitte, dont ils craignoint fort. Je passay outre, et de l’autre costé de Bonny nous trouvames trente carabins des ennemis que nous chargeames, quelque vingt chevaux que nous estions, et les taillames en pieces, demeurant cinq de morts sur la place et quelques prisonniers. J’envoyay donner cet avis a monsieur le mareschal et a Mr de Pralain : ce dernier y vint et fit avancer les regimens sur un bruit quy avoit couru dans Ouson que j’estois engagé ; mais quand il fut arrivé, n’ayant point de cavalerie, et monsieur le mareschal luy ayant mandé qu’il n’entreprit rien sans luy, il s’arresta[2].

Nous l’attendimes proche de Neufvy jusques apres son disner, et il vint voir le guay ou l’armée ennemie avoit passé, puis il vint prendre son logement a Bonny ou il demeura le lendemain vendredy 30me octobre, et tint conseil entre Mrs de Pralain, Refuges,

  1. Neuvy-sur-Loire, bourg de l’arrondissement et du canton de Cosne, département de la Nièvre.
  2. Les événements de ces deux jours sont racontés à peu près de la même manière dans le Mercure françois (t. IV, année 1615, p. 261), avec cette différence que la conduite militaire du maréchal de Boisdauphin n’y est l’objet d’aucun blâme. Dans une note de l’Historiette de la marquise de Sablé (Historiettes, t. III, p. 140) on lit également une lettre du maréchal, datée « du camp de Oison, ce 29 d’octobre 1615, » et adressée « à ma fille, madame la marquise de Sablé à Paris, » où il présente naturellement les faits sous un jour avantageux pour lui. L’appréciation sévère de Bassompierre paraît plus exacte.