reine a son disner, quy avoit receu lettres de Poitiers pour m’y faire demeurer et quy pensoit que j’y fusse encores. Apres son disner elle vint en sa chambre[1] ou arriverent peu apres Mrs le Comte, de Guyse, et d’Espernon, et tant d’autres avesques eux qu’ils firent enfoncer le plancher de la chambre, ou je tombay avec quarante-sept autres personnes, du nombre desquels Mrs le Comte, d’Espernon, de Villeroy, d’Aumont[2], et plusieurs autres[3], tomberent aussy. La reine demeura sur une poutre quy tint ferme, et passant par dessus son lit sortit de sa chambre. Je fus blessé a l’espaule et a la cuisse, et eus deux des petites costes enfoncées, dont je me suis senty longtemps depuis.
Fevrier. — Nous demeurames trois mois a Tours pendant lesquels l’on traittoit de la paix a Loudun[4] ou Mr le Prince et ceux de son party estoint assemblés. Il y tomba malade a l’extremité (mars), dont par la grace de Dieu il eschappa ; et fut la paix conclue apres plusieurs allées et venues des commissaires, avant laquelle je diray trois choses :
- ↑ La reine était logée à Tours à l’hôtel de la Bourdaisière.
- ↑ Antoine d’Aumont, marquis de Nolay, fils de Jean d’Aumont, comte de Châteauroux, maréchal de France, et d’Antoinette Chabot, sa première femme, fut gouverneur de Boulogne et chevalier des ordres ; il mourut le 13 avril 1635, à l’âge de 73 ans.
- ↑
Plus de cinquante tumberent,
Sans quelques uns qui porterent,
Riches en inventions,
Le lendemain, des escharpes,
Pour avoir des pensions.(Adventures du retour de Guyenne.) - ↑ La conférence de Loudun s’ouvrit le 10 février.