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journal de ma vie.

Prince pour estre compris dans le traitté de la paix, et Bassompierre m’a fait de fortes instances pour vous en pouvoir avertir affin que vous vous en puissiés justifier, et cependant vous l’accusés de ce dont vous luy deviés estre obligé. » Jamais homme ne fut plus surpris qu’il fut a l’heure, et tacha de faire de foibles excuses en disant qu’il n’avoit point fait ce dont Mr  de Boullon (quy luy vouloit mal de longue main) l’avoit accusé. Mais dès l’heure on jugea bien qu’il ne demeureroit pas longtemps sur ses piés.

L’autre chose, que le roy se resolut de faire a Tours un regiment complet de ses gardes suisses et qu’ils vindrent faire la premiere garde devant son logis le mardy 12me de mars[1].

La troisieme, que pendant que la paix se traittoit, la reine tenoit souvent conseil sur les choses qu’elle avoit a respondre[2], pour les rejetter ou accorder, et que messieurs le chancelier et president Jannin amenoint avesques eux des conseillers de robe longue comme Mrs  de Vic, de Comartin[3], de Refuges, et autres, sans que aucun seigneur y fut appellé. Or cet hiver là chascun avoit renvoyé son train, et n’y avoit

  1. Le 12 mars était, cette année, un samedi, et non pas un mardi ; il faut probablement lire : le mardi 12 avril. — Voir à l'Appendice. V.
  2. C’est-à-dire : au sujet desquelles elle avait à répondre.
  3. Louis le Fèvre, seigneur de Caumartin, fils de Jean le Fèvre, seigneur de Caumartin, et de Marie Warlet, né en 1552, mort le 21 janvier 1623. Il fut successivement conseiller au parlement, maître des requêtes, intendant de justice et de finances, conseiller d’état, ambassadeur, enfin garde des sceaux depuis le 23 septembre 1622 jusqu’à sa mort.