Page:Bastide - La Petite Maison.djvu/43

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tribution tous les talens pour exprimer un sentiment dont ils sont si peu capables. Elle faisoit sur cela les plus sages réflexions ; mais c’étoient pour ainsi dire des secrets que l’esprit déposoit dans le fond du cœur, et qui dévoient bientôt s’y perdre. Trémicour les y alloit chercher par ses regards perçans, et les détruisoit par ses soupirs. Il n’étoit plus cet homme à qui elle croyoit pouvoir reprocher ce contraste monstrueux ; elle l’avoit changé, et elle avoit plus fait que l’Amour. Il ne parloit pas, mais ses regards étoient des sermens. Mélite doutoit de sa sincérité, mais elle voyoit du moins qu’il sçavoit bien feindre, et elle sentoit que cet art dangereux expose à tout dans un lieu charmant. Pour se distraire de cette idée, elle s’éloigna un peu de lui et s’approcha d’une des glaces, feignant de remettre une épingle à sa coëffure. Trémicour se plaça devant la glace qui étoit vis-à-vis, et par cet artifice, pouvant la regarder encore plus tendrement