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GINETTE, (à bout d’effort.)

Oui, tout à l’heure. Laissez-la seule. Revenez dans une heure.

L’ENVOYÉ, (à voix basse.)

Il n’y a personne à appeler auprès de vous deux ?

GINETTE.

Non, Monsieur.

L’ENVOYÉ.

Dites-lui bien, Mademoiselle, qu’il est mort en héros et qu’elle sera fière quand elle aura la force d’en savoir davantage…

GINETTE.

Dans une heure…

(Cécile entend le bruit de la porte qui se ferme. Elle relève le front, fait un mouvement pour empêcher l’homme de sortir. Seules, elles se laissent aller à leur détresse.)


Scène VII


CÉCILE, GINETTE


CÉCILE.

On me l’a pris ! on me l’a pris ! Ils nous les prendront tous !… C’est de ma faute aussi. Lâche que je suis ! je n’aurais pas dû le laisser partir, j’aurais dû m’accrocher à lui.

GINETTE.

Peut-être !

CÉCILE, (se met à parler, de tout à la fois, en gémissant, comme font ceux qui ne se réfugient pas dans le silence.)

Il était trop bon ! il était trop juste cet hommelà ! Vous avez eu le temps d’apprécier, vous, sa