Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/183

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JULIE.

Ce qui est bien plus inattendu encore, Madame, c’est la confirmation d’une nouvelle sur laquelle je suis, quoique étant parente proche de Monsieur Duard, aussi mal renseignée que possible. Vivant retirée à la campagne jusqu’à ce jour, je n’étais pas au courant des cancans de La Flèche.

MADAME DE SAINT-ARROMAN.

Ah ! faudrait-il donc mettre sur le compte de cancans, cette nouvelle qui vient de faire le tour de notre ville ? S’il faut démentir ce bruit, je suis à votre entière disposition.

JULIE.

Nous n’avons besoin de personne pour ce genre de commissions !

MADAME DE SAINT-ARROMAN.

Vous avez tort de prendre en mauvaise part l’expression de ma sympathie qui n’avait rien d’ironique. Depuis près de deux ans que l’amie de ma cousine, Madame Bellanger, vivait avec vous à la campagne, tout le monde avait plus ou moins pensé à cette éventualité…

JULIE.

Vous devancez son heure, en tout cas. Mademoiselle Dardel a été atrocement éprouvée par la vie. Quand nous l’avons vue désemparée, abandonnée de tous, notre premier mouvement a été de nous porter à son secours. Sur ce point, vous êtes parfaitement renseignée. Elle a vécu à la campagne, se confinant dans une solitude des plus dignes. Mais là, où vous vous trompez singulièrement, c’est quand vous ajoutez qu’elle a vécu dans notre intimité à tous deux, mon frère et moi. C’est moi seule, à cause de ma santé, qui habite la ferme Saint-Jean où elle a vécu jusqu’à ce jour. Mon