Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/137

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femmes !… La jeunesse passe comme la beauté… Mieux vaut mille fois un homme de brillant passé que le plus séduisant bellâtre du monde… Or, qui êtes-vous, mon pauvre ami ?… Un parleur de taverne ! Je ne veux pas m’appeler Mariano… Mariano !… J’ai plus d’ambition… Oh ! ce n’est pas le nom, bien sûr, mais la valeur !… Vous pourriez faire, je le répète, un bon amant… mais un médiocre mari pour une femme romanesque et qui a quelque salpêtre dans le cœur… Plus tard, je ne veux pas vieillir… et, vieille, une femme l’est à trente ans… aux côtés d’un bourgeois de ville, entre un pot de basilic et une cage de canari…

DON JUAN.

Madame préfère manger au râtelier de la gloire !

INÈS.

À belles dents… Vous m’excusez ?… Ceci dit, bonne nuit, et sans rancune. Allez, Mariano, toutes les femmes intelligentes parleront comme moi.

DON JUAN.

Oh ! fatalité ! fatalité qui me tire par la main !… Alors, si je possédais une belle renommée, si j’étais quelqu’un de très grand… un homme dont le nom fait retourner toutes les têtes et met des pinçons au cœur, vous deviendriez mienne ?

INÈS.

Je n’hésiterais pas. Vous me plaisez.

DON JUAN.

Inès, Inès… voici l’heure ! Je vais prononcer devant vous, sous ces voûtes, un nom bien glorieux que mes aïeux m’ont transmis pour le glorifier encore !