Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 11, 1922.djvu/256

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MARTHE.

Rappelez-vous, rappelez-vous, Jalligny !… Vous m’avez fait vos confidences, un soir, quai du Mont Blanc, à Genève, en attendant de Chavres.

JALLIGNY, (s’asseyant à ses côtés.)

C’est vrai… J’ai traversé une sale passe au moment de mon mariage !… Je me rappelle que vous aviez été très amicale, ma petite Dellières.

MARTHE.

Vous m’avez ouvert votre cœur, ce soir-là… vous paraissiez attendri sur vous-même… chaleureux…

JALLIGNY.

C’est que nous avions bu un peu trop de champagne. L’agréable soirée d’été… dans la voiture découverte qui nous ramenait à Divonne ! Vous souvenez-vous que, ce soir-là, votre petite tête tournait un peu…

MARTHE.

Il me semble, oui…

JALLIGNY.

Je vous ai pressée dans la voiture. Mais, délicatement, je n’ai pas abusé de la situation… (Il se rapproche d’elle.) J’aurais pu… Que vous en semble ?

MARTHE, (les yeux au loin.)

Je me souviens, vaguement, d’une bouche dans l’ombre, qui cherchait la mienne…

JALLIGNY.

Et qui ne l’a jamais oublié…

(Il la saisit brusquement. Une vraie petite lutte assez brutale s’ensuit. Elle se dégage.)