Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/276

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vous demander plus tard une entrevue quand vous serez calmée, afin de régler tout ce côté matériel.

JEANNE.

Allez donc. Allez. C’est fini ! il n’y a plus rien à dire. Je n’ai plus besoin de paroles et d’eau bénite… Rengainez toutes les belles phrases… C’est fini et puis voilà… Il n’est plus en bas, n’est-ce pas ?

MANEUVRIER.

Oh ! non. Il est rentré chez lui.

JEANNE.

Bien sûr ! évidemment… Alors vous lui répéterez, n’est-ce pas ?

MANEUVRIER.

Tout.

JEANNE.

Bonsoir, Monsieur, sans rancune ! Vous m’avez fait bien mal, vous savez, vous pouvez dire que vous m’avez fait mal… (Dès qu’il est sorti, elle fléchit. Elle se redresse. Elle regarde le berceau.) Et je t’oubliais, toi, dans mon chagrin… Je ne pensais qu’à moi. (Elle s’approche en pleurant.) Pauvre petit malheureux ! Je te demande pardon de t’avoir donné la vie… Ce n’est pas tout à fait de ma faute tout de même !… Qu’est-ce que tu deviendras, toi aussi… Et si je mourais ?… Alors ça y est, tu n’as plus de père, mon petit… Pendant ce temps, tu dors les poings fermés… Non, je l’ai éveillé… Le voilà qui s’éveille… Ah ! Dieu de Dieu… Si tu pouvais dormir, mon petit… longtemps, toujours… Ton oeil bleu qui s’ouvre… ta menotte qui se tend… Nous voilà tout seuls… mon gros…

(À ce moment, la porte étant restée ouverte, Madame Chapard passe la tête.)