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parler clairement… Peut-être se précipitera-t-elle à mes genoux et alors je sens que je succomberai au poids de mon émotion et nous ne ferions que pleurer… Laissez-moi seul ; à tout à l’heure.

(Nikhine et le gardien sortent.)
(Nekludoff resté seul arpente la prison. Puis le gardien de tout à l'heure rouvre la porte de gauche, par où les femmes étaient sorties ; il fait passer la Maslowa qui s'avance à petits pas, étonnée. Elle enlève son fichu, donne un coup de main à ses cheveux et vient se poster à quelques pas de Nekludoff avec un sourire professionnel.)


Scène III


NEKLUDOFF, LA MASLOWA

LA MASLOWA.

Bonjour monsieur. (Silence.) Vous êtes venu pour moi, monsieur ?

(Elle sourit et fait une œillade.)
NEKLUDOFF, la gorge sèche.

Oui, j’ai voulu…

LA MASLOWA.

Hein ?… Quoi ?… Je n'entends pas bien ce que vous dites… Ils font tellement de bruit dans la cour. Attendez, je vais fermer la fenêtre.

(Elle revient et lui sourit longuement à nouveau, les mains aux hanches.)

NEKLUDOFF.

Tu ne me reconnais pas ?