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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/200

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LOLETTE.

Comment ! qu’est-ce que ça fait ? Mais c’est tout !… tout !…

BERNIER.

Il te faut l’amour en plus, maintenant. Ce n’est pas assez ! Hier, c’était la vie seulement… aujourd’hui, c’est l’amour… Que sera-ce demain ? Mais y puis-je quelque chose ? Est-on maître de ses sentiments ?… Et si je ne l’ai pas ?… oui, oui, parfaitement, si je n’ai pas l’amour ?… alors, demain, ce sera le grief renaissant, l’exigence perpétuelle ?… Ça y est ! La victime que tu étais hier se transforme déjà et je vais connaître tout le poids de ses exigences. Je le sens… c’est l’enchaînement logique, parbleu !… enchaînement, voilà le mot !… Oh ! la geôle !… Tu n’as pas idée !… Se sentir pris, obligé, obligé d’aimer même, obligé d’être bon, sans qu’on vous en laisse seulement la spontanéité ou le mérite !… « Tu le dois ! » N’entendre que cette parole, c’est épouvantable ! La prison du devoir !… C’est à vous donner envie de devenir méchant, par sentiment de justice ! Alors, parce qu’on a été bon une fois, cet acte de bonté vous crée des devoirs qui vont se multiplier à l’infini… croître tous les jours… vous étouffer !… On est l’esclave de sa première action… Cela donne envie de tout casser… d’échapper… de briser les barreaux de la cage !…

LOLETTE.

Mais c’est affreux ! mais c’est épouvantable d’entendre des choses pareilles !