Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/40

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NINI.

Je n’aime que les peintres. Quand c’est trop chic, je m’embête. Et puis quoi, la purée, c’est la purée !

DEREMBOURG.

Réflexion profonde. Mais il n’y a pas de purée qui excuse de courir après un veau comme Russignol !…

NINI.

Laissez donc, il vaut mieux que vous ; c’est un excellent garçon !

EMMA.

Ah ! elle, quand on touche à Russignol !

DEREMBOURG.

Il m’a placé comme un cochon et j’avais le droit à la cimaise. J’avais un numéro.

NINI.

C’est votre faute, vous n’aviez qu’à ne pas en avoir. Est-ce que j’en ai, moi ?

DEREMBOURG.

Pas encore, mais attendez… Et puis, je ne tiens pas à discuter avec vous… je préfère vous laisser le champ libre… le champ entier… toute la luzerne. Tondez, tondez, ne vous gênez pas !…

NINI.

Qu’est-ce qu’il veut dire ? Qu’est-ce qu’il veut dire, celui-là ? Ah ! mais, vous savez, je ne me laisse pas insulter !…

DEREMBOURG.

Et toutes mes amitiés à mademoiselle votre mère…

(Ils s’en vont en ricanant.)