Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/67

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LA DUCHESSE.

En Belgique ou en Angleterre.

DIANE.

À l’étranger ? Et quand est-ce que j’irai au couvent ?

(Ses narines frémissent, ses mains s’agitent.)
LA DUCHESSE.

Tout de suite. Tu partiras dans vingt-quatre heures. Tu as besoin de ce recueillement et de cet éloignement de la vie passée qui t’a perdue.

DIANE.

Dans vingt-quatre heures ! Mais, voyons, maman, c’est impossible ! D’abord, nous avons promis de dîner chez les de Bellines, dimanche prochain… on donne ce dîner pour nous… Et puis, il y a la soirée des Dupuy ; nous ne pouvons pas ne pas y aller !

LA DUCHESSE, (stupéfaite.)

Ah ça !… mais tu es inconsciente ou folle, Dianette ! Tu ne te rends pas compte !… Tu en es encore là ! Ah ! bien ! si c’est là ton état d’esprit, par exemple ! Non ! non ! plus de dîners, plus de monde !… Tu partiras dans vingt-quatre heures.

DIANE.

On ne va pas m’enterrer deux ou trois ans, dans un couvent ! Je n’ai plus l’âge !

LA DUCHESSE.

Oui, inutile de nous rappeler que tu n’es plus, hélas ! une enfant ; mais tu as encore l’âge où l’on doit l’obéissance, et nous te le montrerons.

DIANE, (au comble de l’émoi et ne refrénant plus une rage épeurée.)

Non ! faites de moi ce que vous voudrez… je