Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 6, 1922.djvu/68

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promets tout ce qu’on voudra, mais ne me mettez pas au couvent ! Je ne veux pas aller au couvent !

LA DUCHESSE.

Ah ! c’est ainsi ?… Ton père avait bien deviné ta résistance ! Non, Diane, plus de monde, plus de flirt, plus de toilette, plus rien de tout ce qui a été ta perte. (Elle a l’air de se rappeler les objurgations et les conseils de l’abbé.) D’abord, donne-moi tes bijoux… tu ne devrais plus les porter… je te confisque les bagues…

DIANE, (haussant l’épaule.)

Oh ! cela, tant que vous voudrez !… C’est ça qui m’est égal !… Tiens, voilà toutes mes bagues… tiens, prends mon sautoir aussi… mon collier.

(Elle les enlève et les jette sur la table.)
LA DUCHESSE.

Et ne compte pas avoir au couvent d’autre trousseau que le trousseau des pensionnaires.

(Etonnée de cette menace inopinée, Diane regarde sa mère fixement.)
DIANE.

Pourquoi me dis-tu ça ? Et en quoi veux-tu que cela me gêne ?

LA DUCHESSE.

Ça se gâte, Dianette, ça se gâte !

DIANE, (entre les dents.)

Ce n’est pas ce qui me privera, allez !

LA DUCHESSE.

En effet, ce n’est pas cela qui te privera… Je le redoute, en effet, mais ce sera pour toi une forme de discipline et c’est la discipline qui t’amènera peut-être un jour au repentir et aux idées religieuses qui t’ont quittée, hélas ! (Elle rassemble ses