Page:Batteux - Les Beaux-Arts réduits à un même principe.djvu/15

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Elles peuvent aussi s’égarer, l’une dans des caprices, où les sons s’entrechoquent sans dessein ; l’autre dans des secousses & des sauts de fantaisie : mais ni l’une ni l’autre, elles ne sont plus alors dans leurs bornes légitimes. Il faut donc pour qu’elles soient ce qu’elles doivent être, qu’elles reviennent à l’imitation : qu’elles soient le portrait artificiel des passions humaines. Et c’est alors qu’on les reconnoît avec plaisir, & qu’elles nous donnent l’espéce & le degré de sentiment qui nous satisfait.
Enfin la poësie ne vit que de fiction. Chez elle le loup porte les traits de l’homme puissant & injuste ; l’agneau, ceux de l’innocence opprimée. L’églogue nous offre des bergers poëtiques qui ne sont que des ressemblances, des images. La comédie fait le portrait d’un Harpagon idéal, qui n’a que par emprunt les traits d’une avarice réelle.