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fondons le trafic qui n’est qu’un accessoire, avec le commerce, dont il est le dernier agent, souvent très utile, quelquefois même presque indispensable, mais dont il n’est jamais la partie essentielle et constitutive, ce qu’il faut bien observer.

No. Premier.

Distinction entre le Commerce et le Trafic.

« Acheter les productions naturelles, ou brutes ou façonnées, des mains de ceux qui les ont produites ou travaillées, pour les revendre à ceux qui doivent les consommer en subsistances, ou les user en ouvrages de durée » ; c’est là ce qui caractérise le trafic ou le négoce.

[216] Le Commerce, pris dans sa véritable essence, est au contraire « tout échange des productions naturelles, brutes ou façonnées, qui se fait entre les hommes ».

Deux producteurs voisins qui échangent de leurs denrées pour les consommer réciproquement, font un vrai commerce, sans l’intervention de nul ouvrier façonneur, de nul voiturier, de nul trafiquant. C’est le commerce le plus simple qu’il soit possible, mais aussi le plus avantageux aux deux producteurs, parcequ’il leur assure à eux seuls la consommation de tous les objets échangés, sans qu’ils soient obligés de payer aucuns fraix ni salaires.

Quand il est plus agréable ou plus utile que les productions échangées reçoivent des façons, supportent des fraix de voiture, et passent par les mains des trafiquants, le commerce en est alors moins simple ou plus compliqué. Façon[217]ner, voiturer, trafiquer les productions échangées, sont donc trois accessoires surajoutés et accidentels au commerce proprement dit.

Si l’ordre de la nature eût été qu’en semant du grain dans mon champ, le pain fût né comme il sort de la boutique d’un boulanger, et que mon plus proche voisin en semant du lin dans sa chenevrere, eût recueilli du linge tout prêt, comme il sort des mains d’une ouvriere ; nous pourrions faire ensemble, sans l’entremise de nul autre agent intermédiaire, l’échange ou le commerce le plus simple, et par là même le plus avantageux qu’il soit possible.

Mais les accessoires coutent des fraix ou des salaires aux producteurs et aux consommateurs, qui sont les vrais, les premiers, les