Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/139

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Usage et abus des forces sont pour tous les hommes quelconques précisément les deux contraires. Vouloir effacer cette différence indélébile par rapport à l’autorité, qui est " l’usage des forces combinées par l’art social et supérieures à toutes les forces privées " ; usage, c’est-à-dire, emploi légitime et salutaire qui est auteur ou cause de bien-être, cause primitive, féconde, et par conséquent digne de respects, d’amour et de reconnoissance. Vouloir en transporter le nom, les caracteres et les droits à tout emploi quelconque de ces forces, fût-il même l’emploi le plus opposé à la loi naturelle de justice, à l’ordre naturel de bienfaisance le plus usurpatif des propriétés, le plus oppressif des libertés, le plus destructif du bien-être de l’humanité ; c’est évidemment contredire d’une part la raison, la regle essentielle du bien et du mal moral ; mais c’est aussi d’autre part dégrader l’autorité de son caractere bienfaisant par essence, lui ravir le plus précieux de ses avantages, celui de ne mériter jamais qu’amour, respect et reconnoissance. Rien n’est donc plus intimement correspondant l’un à l’autre que les propriétés, les libertés et l’autorité : bien loin qu’il y ait jamais entre elles aucune opposition ou contrariété, cette union, cette corrélation est si intime, si essentielle, que tout emploi de forces quelconques, oppressif des libertés, et usurpatif des propriétés, est précisément et directement le contraire de l’autorité. Tels sont les principes fondamentaux constitutifs des monarchies economiques ; ils sont simples, évidents, honorables et salutaires à l’humanité : ce sont les premieres regles de la politique publique, honnête et bienfaisante. Les relations qu’ils font naître, et qu’ils maintiennent entre le souverain et les sujets, sont toutes d’union, d’utilité, de services réciproques, de concours ou de tendance au même but d’association, de travaux, de partage équitable et amical du fruit de ces travaux. Cette sage et heureuse correspondance roule sur deux pivôts, qui méritant la plus sérieuse attention. Il faut premiérement que le souverain puisse exercer l’autorité tutélaire et bienfaisante par lui-même et par ses mandataires de tous les grades ; il faut que nul ne puisse abuser des forces combinées pour l’exercice de cette autorité.