Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/141

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ceux des citoyens, qui détermine l’étendue des droits respectifs, qui fixe une regle de partage dictée par la justice et par la raison éclairée " — Je m’acquitte de cette promesse. Les principales vérités économiques ont ce rare et précieux avantage, qu’il suffit de les exposer, pour que leur évidence saisisse d’elle-même. Voici donc ce que je me réservois de dire ici à chacun de mes lecteurs. Etablissez vous en esprit au moment de la récolte générale et universelle ; figurez vous que l’assemblage de toutes les productions fraîchement recueillies par les mains des arts productifs, est étalé sous vos yeux dans l’état primitif de leur simplicité naturelle. Imaginez que tous les hommes qui vivent sur la surface de la terre vous environnent en silence, qu’ils vous ont constitué l’arbitre du partage, et qu’ils attendent avec respect la portion que vous allez leur assigner. Vous n’oublierez pas sans doute qu’il est pour toute l’espece humaine un intérêt évident, général et perpétuel, savoir l’accroissement continuel et progressif de cette masse nouvellement récoltée, qui contient toutes les substances et toutes les matieres premieres des ouvrages de durée. Vous n’oublierez pas que de procurer le maintien et la conservation de cette masse dans son état actuel, c’est justice ; que d’occasionner son accroissement progressif et continuel, c’est bienfaisance ; que de causer sa dégradation, c’est crime ou délit. Procédez maintenant au partage dont vous êtes constitué l’arbitre suprême. Les premiers qui se présentent sont les ouvriers de toutes les exploitations productives, les manœuvres employés aux travaux des mines, aux chasses, aux pêches, aux pâturages, aux cultures et travaux champêtres de toute espece. " c’est nous, vous diront-ils, ce sont nos travaux pénibles et assidus, qui préparent cette récolte, et qui viennent de la faire " . Il est certain que la premiere portion des récoltes appartient à ces ouvriers à titre de justice, à cause des travaux qu’ils ont faits ; à titre de sagesse, à cause des travaux qu’ils doivent nécessairement continuer tous les jours en faveur de la récolte future. Mais quelle portion des récoltes peut être due à ces simples