Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/46

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remplissant quelque devoir, et en faisant quelque travail d’un des trois arts.

C’est pourquoi la morale économique est la connoissance fondamentale, qui devroit diriger l’instruction universelle, il faudroit que tous les hommes réunis en société eussent une idée claire et bien inculquée des trois arts, des trois classes, et de leurs relations, c’est-à-dire, de leurs devoirs et de leurs droits respectifs.

Il n’est point de nation, même à demi-policée, dont l’universalité ne reçoive par une instruction semi-barbare, plus d’idées plus difficiles et mille fois plus confuses, que celles qui entreroient dans une bonne instruction morale économique.

[49] Les idées dont je parle forment dans chaque nation le corps de toutes ces erreurs dont les hommes ont infecté le droit des gens, la législation, la morale, et quelquefois jusqu’à la religion ; elles forment un amas de préjugés faux, inutiles, souvent destructifs de l’humanité, opposés à sa propagation et à son bien-être.

On l’inculque cependant dans toutes les têtes ce ramas d’idées monstrueuses et désolatrices. On le sur-ajoute aux sentiments et aux idées de la nature, qu’il contredit presque toujours de la maniere la plus étrange.

Comment pourroit-on croire que l’instruction morale économique, si simple, si claire, si naturelle, si satisfaisante pour l’esprit et pour le cœur, ne pourroit pas être inculquée aussi universellement que les préjugés et les superstitions populaires ?

Cette premiere instruction, uniforme [50] dans son universalité, dont l’objet seroit la morale économique, est la base de tout État policé. Elle doit être accompagnée des connoissances qui sont nécessaires, ou du moins très utiles à toutes les divisions des trois arts, telles sont la lecture, l’écriture, les premiers éléments du calcul et de la géométrie la plus simple.

C’est dans cette premiere instruction que les hommes deviennent capables de se procurer de plus en plus leur bien-être : non-seulement en observant toute justice, mais même en perfectionnant de plus en plus quelque portion de l’un des trois arts, en ajoutant ainsi le mérite de la bienfaisance à l’accomplissement du devoir de ne pas détruire, de ne pas usurper, de ne pas empêcher.

Perfection progressive et continuelle, qui suppose, outre l’instruction la plus commune, la plus universelle, la plus uniforme, diverses instructions particulieres relatives à chaque partie diverse [51] des