Page:Baudeau - Première Introduction à la philosophie économique.djvu/82

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Je dis que les grandes avances souveraines, les grandes avances foncieres, les grandes avances primitives d’exploitation, les grandes avances annuelles, ou les moyens qui épargnent le travail des hommes, y manquent presque par-tout dans notre Europe.

Je dis que le défaut d’avances productives nous oblige à multiplier ce travail annuel et journalier des hommes employés aux exploitations.

Je dis que ces hommes péniblement occupés à la cultivation actuelle, quoique multipliés peut-être dix fois plus qu’ils ne devroient l’être sur chaque fonds mis en valeur, n’y produisent néanmoins, faute de savoir, d’émulation, d’ensemble et de moyens, que des récoltes moindres, et peut-être [146] plus de dix fois moindres que n’en obtiendroient des Cultivateurs dix fois moins nombreux, mais bien dirigés dans un grand et fort attelier de culture, sur de riches héritages, et dans le ressort d’un Gouvernement prospere.

Chaque exploitation productive a donc trop de bras dans la situation actuelle de presque toute l’Europe : mais il n’est point d’État, point de Province, point de canton, qui n’ait trop peu d’exploitations productives : voilà je crois la vraie solution de ce problême.

Si les mandataires de l’autorité souveraine, si les propriétaires fonciers, multiplioient les grandes et bonnes avances préparatoires de la culture ; si les entrepreneurs ou directeurs en chef, multiplioient leurs grandes et bonnes avances mobiliaires, soit primitives, soit annuelles opérantes de cette même culture, il en résulteroit pour chaque exploitation particuliere une grande et [147] très grande épargne des hommes et de la terre, sans diminution, mais au contraire avec grand accroissement, des récoltes, qui seroient faites par un nombre beaucoup moindre d’ouvriers, sur une étendue beaucoup moindre de sol productif.

Des récoltes augmentées, bien loin de diminuer le nombre des hommes, les feroient multiplier et prospérer : voici donc quel seroit le résultat des avances améliorées, on pourroit étendre les bonnes exploitations productives, et en même-tems tous les travaux de l’art stérile, qui façonnent les productions naturelles, qui procurent des jouissances plus variées, plus agréables, et qui font ainsi le charme, le soutien de la vie.

Je le répete en finissant, cette considération économique est de la plus extrême importance.

Des bras, des bras, c’est ce qu’il faut à la terre, c’est ce qui