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A POULET-MALASSIS
11 Juillet 1857.

Vite, cachez, mais cachez bien, toute l’édition ; vous devez avoir neuf cents exemplaires en feuilles. Il y en avait encore cent chez L  ; ces messieurs ont paru fort étonnés que je voulusse en sauver cinquante. Je les ai mis en lieu sûr, et j’ai signé un reçu. Restent donc cinquante pour nourrir le cerbère Justice.

Voilà ce que c’est que d’envoyer des exemplaires au Figaro !!! Voilà ce que c’est de ne pas vouloir lancer sérieusement un livre. Au moins nous aurions la consolation, si vous aviez fait tout ce qu’il fallait faire, d’avoir vendu l’édition en trois semaines, et nous n’aurions plus que la gloire d’un procès, duquel d’ailleurs il est facile de se tirer.

Vous recevrez cette lettre à temps, je l’espère : elle partira cette nuit, vous l’aurez demain, à 4 h. La saisie n’a pas encore eu lieu. Le renseignement m’est venu par M. Watteville, à travers le canal de Leconte de Lisle, qui malheureusement a laissé s’écouler cinq jours.

Je suis persuadé que cette mésaventure n’arrive que par suite de l’article du Figaro et de bavardages absurdes. La peur a fait le mal.

Ne bavardez pas, n’effrayez pas Madame votre mère, non plus que de Broise, et venez vite pour nous entendre.