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LETTRES — 18Ô8 l65

Charpentier a nég-ligé sa vente, et comme il gar- dera le droit de continuer son édition dans son for- mat, Sainte-Beuve veut contrebalancer votre infé-

r)rité (concurrence à prix élevé), en faisant pour .liusi dire une tout à fait nouvelle édition : il rema- niera beaucoup, et il ajoutera des types nouveaux, ainsi Louise Labé. Enfin, il m’a demandé si dans votre imprimerie on pouvait travailler soigneuse- ment, et largement, ses épreuves. Vous voyez que je ne suis pas le seul fou qui ait cette marotte.

Mon cher, l’ouverture est donc sérieusement faite. —>laintenant, comme je suis votre ami autant que Tami de Sainte-Beuve, je vous dirai que j’ai un peu peur pour vous. Avez-vous pensé qu’en suppo- sant votre livre rajeuni par l’écrivain et parfaite- ment fabriqué vous seriez obligé de vendre trois fois plus cher que Charpentier, et que l’écoulement

’ pouvait avoir lieu que chez les personnes qui n’avaient pas encore ce livre dans leur bibliothè- que ? Quand je dis : trois fois plus c/i^r, j’exagère

ut-être, mais/)/M5 cher est inévitable.

.le vous croyais fâché parce que j’avais glissé,

irmi les autographes, deux lettres de vous où vous

e menaciez de me poursuivre. Le fait est que j’ai

trouvé plaisant de vous les faire lire. Mais, après

que le paquet fut porté à la poste, je réfléchis que

vous alliez peut-être prendre pour vous ce que je

»us disais de certaines lettres. Enfin, pour réparer cette impertinence involontaire, je vous envoie un Gérard de Nerval ; il n’est pas beau, mais ils sont rares…